« Comme pour n’importe quel tableau, chaque faux suppose une recherche. Un peintre, qu’il soit faussaire ou non, est, toute sa vie, un étudiant qui se met à l’école de l’art. Je n’ai pas fait un seul Matisse ou un seul Renoir, je les ai faits en dix exemplaires, jusqu’à ce que je comprenne leur nature et leur sens. On ne peut pas créer une œuvre de cette importance du premier coup. On commet des erreurs, on détruit, on recommence… » Guy Ribes (1948 – ) in Autoportrait d’un faussaire, p. 120, 2015.
La lecture de l’autoportrait de Guy Ribes est passionnante ! On y trouve le récit d’une vie romanesque, une description sans fard du marché de l’art, mais aussi, au fil des pages, une réflexion pleine de fraîcheur sur la création et l’originalité. Peut-on classer les artistes en créateurs et interprètes ? La réalité est beaucoup plus complexe, en peinture comme en musique ou en mathématiques. D’une certaine manière, les mathématiciens sont eux aussi des faussaires, créant bien souvent des œuvres à la manière de, comme le faisait Guy Ribes.
« Qu’est-ce que, au fond, un peintre ? C’est un collectionneur qui veut se constituer une collection en faisant lui-même les tableaux qu’il aime chez les autres. C’est comme ça que je commence et ça devient autre chose. … C’est par ce qu’on ne réussit pas à imiter un maître qu’on fait quelque chose d’original. » Pablo Picasso (1881 – 1973), in Daniel-Henry Kahnweiler Huit entretiens avec Picasso, Le Point, Mulhouse, n°XLII, oct. 1952, p. 22-30.
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