Cet été se tourne pour moi une page importante : je quitterai au 1er septembre l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée pour rejoindre l’Université Paris-Dauphine. Je garderai un excellent souvenir de ces quatre années passées à Marne. Il ne faut que 20 minutes de RER pour atteindre le site (Noisy-Champs) depuis Nation. Le laboratoire est bien doté, les collègues sont sympathiques et s’y sentent bien, le niveau scientifique est bon, l’environnement est agréable, et le site est riche sur le thème des mathématiques et de l’informatique. J’ai pu y exercer avec énergie et plaisir le métier de professeur des universités dans toutes ses dimensions : administration, animation, encadrement, enseignement, recherche, etc.
Je resterai toujours admiratif des qualités scientifiques et humaines exceptionnelles de Alain Pajor, qui a beaucoup contribué à ce que je me sente bien à Marne-la-Vallée. Mon grand regret est de ne pas avoir su convaincre mes collègues probabilistes de développer les probabilités au sens large, en tenant compte de l’environnement scientifique, au delà des clivages boutiquiers historiques. Cela a compté dans ma décision d’accepter la proposition de mutation de Paris-Dauphine. À Dauphine, les défis sont différents mais tout aussi enthousiasmants.
Marne et Dauphine sont des universités relativement récentes, de taille modeste, proposant entre autres des formations en mathématiques financières et actuarielles. La similarité s’arrête là. Les fréquentations étudiantes sont différentes : Marne fait du social en milieu rurbain à l’est de Paris, tandis que Dauphine fait de la sélection en milieu urbain dans l’ouest parisien.
Le mode d’organisation de Paris-Dauphine représente peut-être l’avenir des universités françaises : rapprochement des statuts des universités et des grandes écoles, sélection, droits d’inscription, etc. Ce faisant, Dauphine implémente certains aspects du programme de Laurent Schwartz, en conformité avec les standards internationaux. La gauche universitaire française va-t-elle réussir à dépasser ses crispations symboliques pour réinventer enfin un système qui n’en fini pas de vieillir ? Rendez-vous dans trente ans !