Press "Enter" to skip to content

Wokisme

Photo of Jean-Paul Sartre (1905 - 1980)
Jean-Paul Sartre (1905 – 1980), Boris Vian (1920 – 1959), Michelle Léglise (1920 – 2007), et Simone de Beauvoir (1908 – 1986). Sartre, figure intellectuelle et militante de gauche, s’est fourvoyé politiquement, en étant persuadé d’être dans le camp du bien. Vian était beaucoup plus impertinent et libre penseur.

Si le wokisme est un concept flou pour vous, sachez que plusieurs esprits de tous bords ont pris le temps de le décrire et de l’analyser, cf. ci-dessous pour quelques références de gauche. Les nourritures intellectuelles de bonne qualité sont rares. Il ne faut pas compter sur les médias dominants, dont la médiocrité éditoriale tous azimuts est plus la règle que l’exception, à gauche de Le Monde à Mediapart, en passant par Libération. Cette faiblesse médiatique n’est pas une nouveauté, actrice depuis toujours d’un grand théâtre symbolique, marchand de certitudes, plus manichéen que nuancé, générateur de consensus. La notion de consensus, relative à une communauté, produit de la pensée dominante, et sa défense conduit trop souvent à exclure les esprits critiques, à les diaboliser, à les délégitimer. Sur les questions sociétales et politiques, l’encyclopédie mondiale Wikipédia illustre ces phénomènes, et son accumulation historique constitue une mine pour les sciences humaines et sociales du présent et surtout du futur.

Si le wokisme est un concept flou pour vous, c’est que vous n’avez sans doute pas le temps d’approfondir, vous n’avez pas le temps, la curiosité, ou la volonté de lire et de réfléchir à ces questions, alors même qu’elles concernent vos enfants et ceux de vos proches. Vous avez donc tendance à faire confiance à des références, à des institutions fiables. C’est là que vous cessez d’être intellectuel, c’est précisément là que s’installe le conformisme, le suivisme, la superficialité, l’argumentaire d’autorité, la délégation de pensée. La conviction d’être dans le camp du bien, du côté de la vérité et de la morale, enferme dans des certitudes. Les certitudes sont rassurantes, et c’est précisément le fond de commerce de toutes les religions, de tous les embrigadements.

Le wokisme nous vient des États-Unis, et pour un certain nombre de communistes américains, il s’agit d’un progressisme devenu fou, d’une maladie de la gauche de nature religieuse, d’une tartuferie nombriliste de dominants socio-culturels (et des dominés qui les suivent). Sur le plan intellectuel, le wokisme, bâti sur des impostures, serait ainsi à la gauche ce que la malbouffe est à la gastronomie. Nombreux sont les universitaires qui n’en pensent pas moins mais qui ne s’expriment pas, par peur des conséquences, et ceux qui osent s’exprimer sont souvent les plus anciens, car ils n’ont rien à attendre socialement. Pour paraphraser Raymond Aron, le wokisme semble être le nouvel opium d’une gauche radicale, sociétale, qui tourne le dos au social, à la recherche d’un nouveau souffle militant. Mais cet opium est d’une qualité douteuse, et il n’y a pas de raison de laisser sa critique à la droite, les enjeux pour la société sont assez importants.

    Leave a Reply

    Your email address will not be published.

    This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

    Syntax · Style · .