La comptabilité analytique fait peu à peu son apparition dans les administrations des universités françaises. À Paris-Dauphine, le calcul du coût par étudiant en fonction du département est mené au moyen d’un modèle de répartition subtilement paramétré. Bien que le modèle soit arbitraire et discutable, les résultats obtenus sont intéressants car source de questionnements sur le mode d’organisation et sur l’efficacité des composantes. Ainsi, pour le département MIDO – licences et masters en mathématiques et informatique – le prix moyen d’un étudiant par an serait de l’ordre de 18000 Euros. Ceci inclut la masse salariale, sauf celle des chercheurs qui n’enseignent pas comme ceux du CNRS. L’ordre de grandeur est facile à retrouver. En effet, en divisant le budget de l’université, d’environ 110 Millions d’Euro, par le nombre d’étudiants, environ 10000, on obtient environ 11000 Euros par étudiant et par an. Voici le résultat de cette division toute simple menée pour quelques autres établissements d’enseignement supérieur français. Les données – budgets et effectifs – sont extraits des pages de Wikipédia. Elle donne une idée du prix annuel par étudiant si l’université devait être financée entièrement par les frais de scolarité ! De ce point de vue, l’université française est d’une efficité sociale impressionnante : ~ 50 K€ pour un Master.
Établissement Budget(M€) Étudiants B/E ------------------------------------------------- ÉNS-Paris 102 2400 42500 € Polytechnique 100 2899 34495 € HEC 127 4000 31750 € Sciences-Po 173 13000 13308 € Paris-Dauphine 110 10320 10659 € Strasbourg 500 48011 10414 € Toulouse-III 328 31987 10254 € UPMC 345 33789 10210 € Paris-Diderot 244 25000 9760 € Aix-Marseille 722 74000 9757 € Lyon-I 421 45000 9356 € Paris-Sud 275 30200 9106 €
À Paris-Dauphine, le feuilleton des frais de scolarité se poursuit, notamment au sein du département MIDO, qui a finalement décidé de temporiser. Au delà du département MIDO, certains défendent l’idée que des frais de scolarité modulés en fonction du revenu risquent de faire fuir les riches, qui ne sont pas captifs comme dans la situation des cantines scolaires. Il s’agit là d’une idée souvent agitée par la droite contre les impôts progressifs défendus par la gauche. La réalité du phénomène ne fait aucun doute, et c’est plutôt son ampleur et son impact final qui font débat. Excités par cette idée, certains vont même plus loin et pensent qu’il faudrait afficher le vrai prix des études, les fameux 18000 Euros, et attribuer des bourses « virtuelles » qui effacent plus ou moins ce montant en fonction du revenu. Cela modifierait la perception de la part des riches, et ne changerait rien pour les pauvres. Il resterait tout de même à doser la progressivité pour les classes moyennes. On retrouve la question initiale. Elle alimente chez les collègues une sourde angoisse du déclassement. Il est vrai qu’ils sont les dominants et bénéficiaires du secteur de l’éducation.