Je viens de terminer la lecture de Théorème vivant, de Cédric Villani, publié chez Grasset en 2012. Et non, il ne s’agit pas de vulgarisation, et encore moins de littérature. Il s’agit plutôt d’un récit auto-biographique écrit à la première personne, une sorte de journal enlevé et illustré, parsemé de formules, d’anecdotes, de courriers électroniques, de petits portraits, de quelques dessins, et de diverses considérations sociologiques, historiques, psychologiques, etc. Un fil conducteur important du texte est le récit d’une collaboration scientifique sur un problème de physique des plasmas (amortissement Landau). Bien que ce type de mathématiques me laisse parfois assez tiède(*), j’ai beaucoup apprécié ce livre, que je n’ai pas pu lâcher ! On y découvre diverses facettes d’une personnalité célèbre, mais aussi et plus généralement l’univers des mathématiciens et la nature de leur métier. Cédric Villani a vraiment fait œuvre utile en écrivant ce livre. Et pourtant, certains de mes collègues, agacés, le trouvent quelque peu prétentieux. Est-ce parce qu’il les renvoie à leurs propres complexes ? Il est vrai que la modestie n’est pas son fort, mais la fausse modestie non plus. D’autres génies du moment, et non des moindres, ont le narcissisme sans doute moins exprimé. Est-ce le prix du panache ? Villani agacerait-il autant que Sarkozy ? En tout cas son livre est frais, sain, juste et pétillant, sans prétention littéraire ou pédagogique, et peut vraiment apporter quelque chose au lecteur sensible, qu’il soit mathématicien ou pas. Rares sont ceux qui auraient réussi aussi bien un tel exercice !
(*) Chez Boltzmann et Landau, la physique semble parfois un peu plus belle et épurée que les mathématiques qui en sont issues. Est-ce vraiment moins le cas chez Einstein et Wigner ?
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