Cet aspect probabiliste, que Brelot regrettait tant d’être arrivé trop tard pour maîtriser, est sans doute le plus bel exemple d’interaction féconde entre deux théories : La théorie du potentiel, née dans le ciel (Kepler 1618, Newton 1665) et la théorie des probabilités née d’un coup de dés (Pascal 1654), donc presque simultanément, devaient après trois siècles et des petits pas l’une vers l’autre (Wiener 1923, puis P. Lévy, Doob), prendre avec G. Hunt (1957) pleinement conscience que leurs parties les plus vivaces ne sont que deux faces complémentaires d’un même bel objet, et qu’on ne peut bien comprendre l’une sans connaître l’autre (le traité Dellacherie–P.A. Meyer veut en donner la preuve). Gustave Choquet (1915 — 2006), in La vie et l’œuvre de Marcel Brelot (1903 — 1987), Cahiers du séminaire d’histoire des mathématiques, Volume 11 (1990), p. 1-31.
Ce petit texte de Gustave Choquet a le mérite de mettre en avant les probabilités et Gilbert Hunt, mais passe sous silence l’électrostatique, de Charles-Augustin Coulomb, Carl Friedrich Gauss, Johann Peter Gustav Lejeune Dirichlet, et Henri Poincaré, entre autres. La théorie (mathématique) du potentiel traite essentiellement des propriétés du laplacien et des fonctions (sur/sous)harmoniques. Cette théorie n’est plus vraiment enseignée de nos jours. Cela dit, beaucoup de mathématiciens finissent par tomber dessus, parfois même à leur insu. Certains de mes aînés n’en connaissaient parfois que des bribes, déconnectées de la physique et du fil historique. Qui se souvient aujourd’hui des contributions à la théorie du potentiel de Oliver Dimon Kellogg, Charles-Jean de la Vallée Poussin, Marcel Brelot, Otto Frostman, et tant d’autres ? Gustave Choquet lui-même est en passe de disparaître des esprits et des bibliographies ! Le flux et le reflux des connaissances est décidément étonnant — une sorte de grande respiration collective.