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Month: September 2010

Un climat dogmatique

Dessin de Ali Dilem

Un collègue m’a signalé un billet controversé sur Image des Mathématiques intitulé « Quelques questions de nature statistique liées au débat sur le climat ». L’auteur du billet y fait part de ses doutes sur le dogme ambiant autour du réchauffement climatique. Comme Claude Allègre, il fait partie de l’Académie des Sciences, et suscite depuis de nombreuses années un certain nombre de controverses, pas seulement liées au climat.

Mais que penser du réchauffement climatique, de sa cause humaine supposée, de son ampleur, et des remèdes ? Peut-on sérieusement proposer des certitudes sur des questions aussi complexes ? Il faut dire que le mythe du quantitatif a envahi les sciences depuis bien longtemps, à grand coup de modèles mathématiques, d’informatique, et de statistique. Les sciences de la terre ne font pas exception. Ce mythe du quantitatif rentre aujourd’hui en résonance avec les préoccupations légitimes de nature écologique des citoyens. Les sceptiques sont parfois taxés de négationnistes-climatiques-anti-écologistes (sic).

Se faire une opinion sur des phénomènes si complexes est difficile. Le recul permettra sans doute d’y voir plus clair sur le plan scientifique. En attendant, on peut bien sûr s’en remettre aux experts. On peut aussi douter de la crédibilité de ces sciences hautement quantitatives, lorsqu’elles prétendent obtenir des certitudes. On  peut douter de l’échafaudage et de tout ce qu’il porte, sans remettre en cause les fondements physiques bien établis.  Le manque de modestie de ces scientifiques de tous bords,  devenus marchands de certitudes, est sidérant, et les fantasmes de certains militants le sont tout autant. A-t-on vraiment besoin d’avaler le dogme climatique pour changer les sociétés humaines ?

On pourrait définir le mythe du quantitatif comme étant l’idée selon laquelle une analyse quantitative au moyen de modèles mathématiques rend les conclusions qui en sont tirées absolument indiscutables. La physique offre de beaux exemples de réussites des mathématiques appliquées, mais aussi de faillites des mathématisations trop simples. Il faut parfois beaucoup de temps pour trier le bon grain de l’ivraie. Les tenants des thèses climatiques les plus pessimistes rétorquent que les sceptiques ne seront plus là pour avoir raison et qu’il faut prendre une décision. C’est le point de départ du principe de précaution.

Les sociétés développées se préoccupent de plus en plus du bien être et de l’environnement. La quantification des risques est présentée comme une réponse décisionnelle aux angoisses engendrées par ces préoccupations. Elle se nourrit du mythe du quantitatif et pose des problèmes méthodologiques importants. Parallèlement, le monde médiatique et politique réclame à la science des vérités, un discours facile à prêcher face aux peurs du moment.  Malheureusement, les vérités scientifiques sont d’autant plus rares que les phénomènes sont complexes. Destinées à être sans cesse questionnées,  elles ne s’obtiennent pas en faisant voter des experts une bonne fois pour toute.   Cependant, bien que le principe de précaution soit la source de fiascos retentissants, il peut aussi agir comme rempart face aux appétits mercantiles de multinationales sans scrupules.  Pourquoi ne pas remettre en question directement cette toute-puissance du profit ?

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