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Problème de la plus longue sous suite croissante

Voici le sujet d'examen du cours de master modèles stochastiques du mercredi 16 mars 2011. Le contenu est tiré du livre de Steele Probability Theory and Combinatorial Optimization.

Convergence par sous additivité

Nous nous proposons d'établir que si (un)n1 est une suite de nombres réels sous additive, c'est-à-dire telle que un+mun+um pour tous n,m1, alors

limnunn=infn1unn.

Il s'agit du Lemme de sous additivité de Fekete, qui date de 1923. Fekete était un mathématicien hongrois puis israélien (1886--1957), élève de Fejér, et mentor de Erdős, Turán, von Neumann, Pólya, et Dvoretsky.

  1. Supposons pour l'instant que γ:=infn1unn>. Montrer que pour tout ε>0 il existe kε tel que ukε(γ+ε)kε, et que umkmuk pour tous m,k1
  2. En déduire que pour tout n1, en posant n=mkε+j avec 0j<kε, on a

    unm(γ+ε)kε+max1j<kεuj

  3. En déduire le résultat attendu en montrant que

    ¯limnunnγ+εlim_nunn+ε

  4. Traiter le cas où γ=
  5. Montrer que si une fonction continue f:R+R est sous additive, c'est-à-dire que f(s+t)f(s)+f(t) pour tous s,t0, alors

    limtf(t)t=inft>0f(t)t.

  6. Traduire les résultats pour les suites et fonctions sur additives

Problème de la sous suite croissante

On se propose d'établir le résultat suivant qui remonte à Erdős et Szekeres vers 1935 : si a1,,anm+1 est une suite de nm+1 nombres réels deux à deux distincts alors elle contient au moins une sous suite croissante de longueur n+1 ou une sous suite décroissante de longueur m+1.

Pour ce faire, on procède par la méthode des tiroirs, une idée proposée par Hammersley vers 1972 : on fabrique nm+1 jetons portant la valeur des a1,,anm+1 qu'on range en piles de gauche à droite : a1 débute la première pile. Si a2>a1 alors on le pose sur a1 (la pile a alors une hauteur 2) tandis que si a2<a1 alors on créé une nouvelle pile à droite de la première (de hauteur 1). On procède ainsi avec chacun des a3,,anm+1 en le posant au sommet de la première pile (de gauche à droite) qu'il majore ou en créant une nouvelle pile à droite des piles existantes s'il ne majore aucune pile existante.

  1. Montrer que les jetons au sommet des piles forment une sous suite décroissante
  2. Conclure en observant que chacune des piles donne une sous suite croissante

Étude d'une version stochastique

Soit X1,,Xn des v.a.r. i.i.d. de loi uniforme sur [0,1]. On s'intéresse à la longueur de la plus grande sous suite croissante :

In=In(X1,,Xn)=max{k:Xi1<<Xik,1i1<<ikn}.

On définit également la longueur de la plus grande sous suite décroissante :

In=In(X1,,Xn)=max{k:Xi1>>Xik,1i1<<ikn}.

Minoration de l'espérance

  1. Montrer que les X1,,Xn sont deux à deux distincts avec probabilité 1
  2. Montrer que max(In,In)n (et donc In+Inn)
  3. Monter que E(In)=E(In) et en déduire que

    E(In)12n

Majoration de l'espérance

  1. Montrer que si 1kn et 1i1<<ikn alors la suite Xi1,,Xik est croissante avec probabilité 1/k! (on pourra se ramener à une intégrale multiple)
  2. En déduire que P(Ink)(nk)/k! pour tout 1kn
  3. En déduire que P(In2en)<e2en (on rappelle que k!(k/e)k)
  4. En déduire une constante C>0 telle que E(In)Cn pour n assez grand
    Nous allons préciser cette estimation en procédant différemment :
  5. Montrer que E(In)k+nP(Ink) pour tout 1kn
  6. En déduire que pour tout c>e il existe nc tel que pour tout n>nc,

    E(In)cn.

    (on pourra utiliser la formule de Stirling m!2πmmmem)

Convergence de l'espérance par poissonisation

Nous avons établi que an:=E(In) est de l'ordre de n et il est naturel de se demander si n1/2an converge quand n. Ce comportement non linéaire semble empêcher l'usage direct de la sous additivité à la Fekete. Il est cependant possible de linéariser le problème par poissonisation puis dépoissonisation. L'heuristique est la suivante : si par exemple N est une v.a.r. entière alors E(aN)E(N)E(N) qui est linéaire en t lorsque NPoi(t2). D'autre part, si NPoi(n) alors anE(aN).

Soit P un processus ponctuel de Poisson sur R2 dont la mesure d'intensité est la mesure de Lebesgue. On identifie la mesure atomique aléatoire P à ses atomes de sorte que PB désigne l'ensemble des atomes de P contenus dans le borélien B de R2. Le nombre d'atomes dans B est P(B)=Card(PB). Si B a pour mesure de Lebesgue |B| alors P(B) suit la loi de Poisson Poi(|B|) de moyenne |B|. De plus, pour tout n0 et conditionnellement à {P(B)=n} les atomes de P dans B sont i.i.d. de loi uniforme sur B (lorsque |B|>0).

On dit que la suite de n points (x1,y1),,(xn,yn) dans R2 est croissante lorsque x1<<xn et y1<<yn. Pour tout réel t>0, soit I(t) la longueur de la plus grande sous suite croissante dans l'ensemble de points aléatoire P[0,t]2.

  1. Montrer que Ind=L(I(t)|P([0,t]2)=n) pour tout n1 et t>0
  2. En déduire que E(I(t))=et2k=0t2kk!akan:=E(In). En d'autre termes, si N est une v.a.r. de loi de Poisson Poi(t2) alors E(I(t))=E(aN)
  3. Si I(s,t) désigne la longueur de la plus grande sous suite croissante de P]s,t]2, montrer que pour tous 0<s<t

    I(0,s)+I(s,s+t)I(0,s+t)

  4. En déduire qu'en notant f(t):=E(I(0,t)) on obtient, pour tous 0<s<t,

    f(s)+f(t)f(s+t)

  5. En déduire que

    limtE(I(t))t=suptE(I(t))t=:γ.

  6. En déduire que

    eλk=0akλkk!λγλ.

  7. Montrer que an+man+am pour tout n,m1
  8. En déduire que |anak|Cnk pour tous 1kn et une constante C
  9. En déduire que si N est une v.a.r. de Poisson de moyenne E(N)=n alors

    |anE(aN)|Ck=0|nk|ennkk!

  10. Toujours avec ce N, en déduire via l'inégalité de Jensen et Var(N)=n que

    |anE(aN)|Cn1/4

  11. En déduire que

    E(In)=:annγn

  12. Montrer que γ est fini

Convergence presque sûre

  1. Montrer que In ne change que d'au plus 1 si on change l'un des Xi
  2. En déduire grâce à l'inégalité d'Azuma-Hoeffding que pour tous n1 et t0,

    P(|InE(In)|t)2et22n.

  3. Quel résultat p.s. peut-on en déduire sur la suite (In)n1 quand n?
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