Press "Enter" to skip to content

Coût des publications : un exemple instructif

Une version étendue de ce billet devrait paraître en 2013 dans la Gazette des mathématiciens.

La question du coût des publications scientifiques préoccupe de manière récurrente la communauté mathématique, en raison des excès mercantiles des grands éditeurs à but lucratif. Ce billet est consacré à l’étude d’un exemple instructif.

L’exemple choisi est Electronic Journal of Probability (EJP), une revue à comité de lecture d’audience internationale, l’une des meilleures en théorie des probabilités. Établie en 1995, elle publie une centaine d’articles par an. Elle est associée à une revue sœur, Electronic Communications in Probability (ECP), qui publie environ une soixantaine d’articles courts par an. Les articles de EJP-ECP sont publiés uniquement sous forme électronique. L’accès est entièrement gratuit, à la fois pour les auteurs et pour les lecteurs. Le budget annuel total est de 2700 USD, dont 1700 USD pour l’hébergement du site Internet. Ce budget modique est entièrement assumé par  Institute of Mathematical Statistics (IMS) et Bernoulli Society (BS), deux institutions à but non lucratif.

Ce coût remarquablement bas peut surprendre. Il s’explique par les faits suivants :

  1. les articles sont diffusés uniquement sous forme électronique
  2. le comité éditorial et les rapporteurs ne sont pas rétribués
  3. il n’y a pas de secrétariat et le « managing editor » n’est pas rétribué
  4. la mise en forme est assurée par les auteurs avec une classe LaTeX dédiée
  5. les auteurs sont entièrement responsables du rendu final de leurs articles
  6. le logiciel utilisé par le comité éditorial est un logiciel libre donc gratuit (OJS)
  7. l’hébergement est assuré par un organisme à but non lucratif peu coûteux (PKP)

Il ne tient qu’aux rédacteurs en chefs des revues coûteuses d’adopter ce mode de fonctionnement. Cela n’empêche pas l’existence d’une version imprimée payante, comme le pratiquent déjà certaines revues sponsorisées par IMS.  En guise de conclusion, cet exemple souligne à quel point la balle est dans le camp des scientifiques eux-mêmes.

À lire également sur ce blog :

3 Comments

  1. Les chiffres que tu avances ont assez édifiants, quand on sait le coût total, pour l’ensemble de la comunauté universitaire, auquel revient l’existence des revues de renom de Springer ou Elsevier.

    Vraiment édifiant !

  2. Djalil Chafaï 2012-12-06

    En langage économique actuel, EJP/ECP est une revue low-cost non lucrative. Springer et Elsevier pourrait proposer un service low-cost aux scientifiques, en utilisant le même modèle organisationel et technologique que EJP-ECP. Il me semble en tout cas que les scientifiques devraient imposer à l’Industrie de l’édition scientifique la gratuité totale électronique pour auteurs et lecteurs.

    Si j’avais un peu plus de temps pour faire de l’informatique, j’écrirais un backend arXiv automatique pour le logiciel OJS, pour faire la révolution ! l’idée est de transformer OJS pour qu’il ne stocke plus les papiers. Les papiers soumis ou publiés seraient sur arXiv, et OJS ne ferait que la gestion du processus d’évaluation éditorial. Si un auteur décide de soumettre arxiv:XXXX.XXXXvk à la revue, alors la revue s’occupe de l’évaluation, et les révisions seraient déposées sur arxiv par l’auteur en utilisant vk+1, vk+2 etc. Si le papier est accepté, il y aurait un vk’ qui serait la version finale formatée avec la classe LaTeX de la revue. C’est la meilleure manière de fabriquer une revue électronique adossée à arXiv. Avec un tel système, une revue n’est plus qu’un comité éditorial qui attribue un label à des papiers sur arXiv.

Leave a Reply

Your email address will not be published.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Syntax · Style · .