Voilà un livre écrit par une philosophe américaine vivant en Allemagne, spécialiste des Lumières. Tenante d'un universalisme vigoureux, elle y débusque et analyse tous azimuts le rétrograde grimé en progressisme. Ce livre, qui ne manque pas de faiblesses, notamment en rapport avec l'actualité, comprend également des passages de grande qualité. Le troisième chapitre « Progrès et destin tragique » est par exemple particulièrement réussi, avec sa mise en perspective critique de Jean-Jacques Rousseau à Jean-Pierre Foucault et au-delà. Ce livre grand public reste moins facile d'accès que ceux sur le même sujet du philosophe Jean-François Braunstein ou de la sociologue Nathalie Heinich. Dans un monde agité par tant de tourbillons manichéens, tant de rapports à l'absolu, la complexité, la nuance, la profondeur historique et culturelle, et la pensée libre et critique demeurent essentielles.
Le changement climatique, voilà bien un sujet tarte à la crème, un de plus. Ce livre, écrit par une climatologue, mérite d'être lu par les personnes curieuses et insatisfaites de faire confiance. Son but est de tenter de faire découvrir la complexité du sujet, son histoire, ses perspectives, ses certitudes, et ses incertitudes. L'état de la climatologie décrit dans ce livre est plutôt consternant, aussi bien sur le plan scientifique que politique. À bien des égards, la situation décrite rappelle celle de la crise du Covid, mais semble plus durable, plus grave en un certain sens. La science est produite et portée par des humains, mus par toutes les passions humaines. Ce livre est moins facile à lire que celui du physicien théoricien Steven E. Koonin par exemple. Mais même s'il manque parfois de clarté ou de précision, il fourmille malgré tout de richesse et de finesse.
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